AIMÉ CÉSAIRE, NÉGRITUDE ET LUTTE DES PAPOUS

Nous commémorons aujourd'hui le 110e anniversaire de la naissance d'Aimé Césaire, militant pour l'émancipation des Noirs, originaire de la Martinique.

Dans son pamphlet intitulé "Discours sur le colonialisme", Aimé a déclaré :

"Le colonialisme déshumanise même l'homme le plus civilisé ; que les actes coloniaux, les entreprises coloniales, les conquêtes coloniales, fondés sur le mépris de l'homme indigène et justifiés par ce mépris, tendent inévitablement à transformer celui qui les accomplit ; que le colonisateur qui, pour se donner bonne conscience, s'habitue à voir l'autre comme une bête, s'entraîne à le traiter comme une bête, tend objectivement à se transformer lui-même en bête. La colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l'abrutir au sens propre, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la luxure, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral".

Aimé a lutté activement dans les années 1950 contre le racisme systémique français à l'égard des Noirs. À cette époque, la France possédait de nombreuses colonies, notamment en Afrique. Avec ses collègues du mouvement de la négritude, Aimé s'est fermement opposé aux efforts du gouvernement français pour assimiler les Noirs colonisés. Les pamphlets d'Aimé ont été lus par les intellectuels africains et les ont incités à lutter pour l'indépendance vis-à-vis de leurs maîtres coloniaux. La démarche d'Aimé a prouvé qu'un stylo peut être bien plus efficace qu'un fusil, et que les pensées d'un érudit honnête et courageux sont plus puissantes qu'une bombe atomique.

Aujourd'hui, les écrits d'Aimé Césaire sont toujours une référence pour l'émancipation des Noirs dans le monde entier. Elles sont également très pertinentes pour la lutte des Papous en Indonésie.

En effet, pendant les soixante années d'occupation de la Papouasie par l'Indonésie, les Papous indigènes ont fait "l'expérience de la terrible violence du régime colonial, avec la mort, la dépossession, la privation de liberté et, surtout, le déni profond de la dignité humaine à travers la domination politique, économique et culturelle". À deux millions et demi de Papous, l'Indonésie a habilement instillé "la peur, le complexe d'infériorité, le tremblement, l'agenouillement, le désespoir, le larbinisme".

Avec Aimé, je voudrais vous dire :

"Je suis de la race des opprimés. Ma bouche sera la bouche des malheureux qui n'ont pas de bouche, ma voix, la liberté de ceux qui s'affalent dans le cachot du désespoir".

Dans les méandres de la lutte pour l'indépendance de la Papouasie,

"J'ai encore de l'espoir parce que je crois en l'homme. C'est peut-être stupide. Le chemin de l'homme est de parvenir à l'humanité, à la conscience de soi. Je refuse de désespérer parce que désespérer, c'est refuser la vie. Il faut garder la foi".