Papouasie occidentale : un écocide masqué sous le drapeau du développement

Papouasie occidentale : un écocide masqué sous le drapeau du développement

Depuis plus de deux décennies, la Papouasie occidentale est victime d’un crime systématique contre la nature et les peuples indigènes. Ce n’est pas un simple excès du développement : c’est un écocide, un ethnocide et un capitalocide organisé, perpétré sous le regard complice de l’État indonésien et des entreprises transnationales.

À Boven Digoel, 57 000 hectares de forêts ont été rasés depuis 2001 par le groupe Korindo, comme le révèlent Greenpeace Indonésie et Forensic Architecture. Et ce n’est que la face émergée de l’iceberg.

  • 85 compagnies d’huile de palme contrôlent aujourd’hui 2 153 484 hectares de terres papoues.

  • 83 sociétés forestières exploitent 13 334 260 hectares de forêts.

  • 25 sociétés de plantation industrielle se partagent 3 700 000 hectares supplémentaires.

  • 3 sociétés de produits forestiers de sagou gèrent 129 000 hectares de forêts vivrières.

  • 15 compagnies sucrières accaparent 487 912 hectares de terres.

  • Environ 240 entreprises minières saccagent les sols indigènes, s’appropriant 9 110 793 hectares : 5 932 071 hectares en province de Papouasie et 3 178 722 hectares en Papouasie occidentale.

Face à cette colonisation foncière industrielle, le rythme de déforestation s’emballe :

  • De 2000 à 2009 : 60 300 hectares par an

  • De 2009 à 2013 : 171 900 hectares par an

  • De 2013 à 2017 : 189 300 hectares par an

Ces chiffres, fournis par Greenpeace, Forest Watch Indonesia et la Fondation Pusaka, ne sont pas des abstractions : ils traduisent une agonie écologique et une mort lente des peuples autochtones.


L’autonomie spéciale (Otsus) : camouflage d’un pillage légalisé

Pendant ce temps, l’État indonésien parle d’« autonomie spéciale » (Otsus) comme d’une politique de protection et d’émancipation des Papous. En vérité, l’Otsus n’est qu’un masque hypocrite, un instrument pour donner un vernis légal à la dépossession, tout en neutralisant politiquement les voix dissidentes.

Au lieu de protéger les Papous, l’Otsus protège les voleurs de terre, les extracteurs de richesses, les prédateurs d’écosystèmes. Elle est l'alliée objective des régents corrompus, des officiers militaires complices, et des entrepreneurs cupides qui se partagent la Papouasie comme un butin de guerre coloniale.

La dernière vague d’agression prend la forme de l’instruction présidentielle pour l'accélération du développement, aggravée par la loi Omnibus, qui dérégule l’accès au foncier et ouvre les vannes à l’exploitation massive.


Complicité, corruption et trahison

Les élites papoues cooptées — gouverneurs, régents, officiers de l’armée et de la police — ont vendu leur âme pour un siège doré au banquet du colon. Leur conscience est anesthésiée par la soif d’argent, de statut, et de reconnaissance coloniale. Ce ne sont plus des représentants du peuple, mais des chiens dociles, dressés pour aboyer au rythme du maître. Comme le dit un proverbe : il est difficile de convaincre une mouche que les fleurs valent mieux que les ordures.


L’heure de la résistance a sonné

Quand un système prétend éteindre l’incendie qu’il a lui-même allumé, il ne faut pas appeler cela une réforme, mais une mascarade. On n’éteint pas le feu avec le feu ; on n’humanise pas une colonisation par des slogans de développement.

À toutes les consciences éveillées, à celles et ceux qui ont encore le sens de la justice et de la vie : le seul chemin digne est la résistance. Résistance écologique. Résistance culturelle. Résistance politique. Résistance pour l’indépendance.

C’est une lutte pour la vie. Pour que les forêts respirent. Pour que les enfants papous ne meurent plus en silence. Pour que cette terre ne soit pas réduite à un champ de ruines au nom du profit.

La Papouasie n’est pas à vendre. Elle est à défendre.

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