Indonésie : 2606 prisonniers libérés, mais toujours pas de liberté pour les Papous
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Prisonniers papous dans une prison indonésienne. |
Le 17 août. Hari Merdeka.
La grande fête de l’indépendance indonésienne. Fanfares, drapeaux rouges et blancs, discours patriotiques à la chaîne. Comme chaque année, le gouvernement gracie un lot de prisonniers.
Cette année ? Un chiffre record : 2606 personnes remises en liberté. Parmi elles : 760 trafiquants de drogue, 16 corrupteurs, 26 terroristes. Rien que ça.
Et moi, naïf peut-être, j’ai eu un espoir : "Et si, dans ce lot de terroristes, l’un d’eux était un Papou indépendantiste ?" Car oui, en Indonésie, revendiquer l’indépendance de la Papouasie, lever le drapeau Étoile du Matin ou distribuer un tract, c’est suffisant pour être étiqueté "terroriste". Pas besoin d’armes ni de bombes. Juste une opinion, une bannière et un rêve de liberté.
J’ai donc écrit à Markus Haluk, directeur exécutif de l'ULMWP. Sa réponse a été aussi claire que glaciale : aucun de ses camarades emprisonnés n’a été libéré.
En 2023 seulement, plus d’une centaine de Papous ont été arrêtés pour des actions non violentes. Une centaine ! Pour des discours, des rassemblements pacifiques, ou simplement pour avoir osé croire qu’ils avaient le droit d’exister autrement que comme colonisés. Pendant ce temps, ceux qui ont volé des milliards ou semé la terreur au nom de l’extrémisme religieux peuvent, eux, goûter à la clémence de l’État.
Je suis minoritaire moi aussi, ici. J’ai connu des humiliations, quelques violences. Mais ce que vivent les Papous, c’est un apartheid silencieux, un racisme d’État banalisé, une criminalisation systématique de leur existence.
On aime se répéter que "la grandeur d’une nation se mesure à la façon dont elle traite ses humanistes". Alors ? Où est donc la grandeur indonésienne ? Où sont passés les idéaux de 1945 ? À Jakarta, la liberté est une parade. En Papouasie, elle est une cellule.
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