PALESTINE-PAPOUASIE OCCIDENTALE : DEUX POIDS DEUX MESURES ?

Un prêtre aide un fidèle blessé par balle à Intan Jaya, en Papouasie occidentale, le dimanche 21 janvier.

L'Indonésie serait en train de préparer un dossier contre Israël pour « violations flagrantes du droit international ».

L’Indonésie défend la Palestine, pour quoi faire ?

Ainsi, après l’Afrique du Sud, l’Indonésie est devenue le deuxième pays à dénoncer le sionisme israélien devant un tribunal international. Quel acte ! La question est maintenant de savoir quel est l’impact de cette décision ? L'Indonésie parviendra-t-elle à arrêter le massacre de Gaza ? Pour être honnête, je ne pense pas. Cette action en justice n’est qu’un coup de com du régime indonésien actuel dirigé par Joko Widodo. Jokowi, comme on l'appelle communément, comprend que jouer sur les sentiments pro-palestiniens peut à terme l'aider à gagner la sympathie des 200 millions de musulmans indonésiens et ainsi perpétuer son pouvoir politique.

Jokowi est sans aucun doute un grand maître de com. Cela s’est déjà vu il y a quelques années lorsqu’il prétendait rechercher la paix au Myanmar et plus tard en Ukraine. Cependant, ce que Jokowi ne réalise pas, c'est que peu importent ses manœuvres, il ne sera pas en mesure de dissimuler complètement la disgrâce de son gouvernement en Papouasie occidentale. En parlant des violations des droits de l'homme par l'Indonésie en Papouasie occidentale, nous pouvons nous souvenir encore et encore que cela dure depuis le premier jour de l’occupation indonésienne, le 1er mai 1963. Rien qu’au cours de l’année 2023, au moins 69 cas de violence ont été enregistrés.

L’Indonésie et l’Israël sioniste, quel est le pire ?

L'hypocrisie semble être le terme le plus approprié pour décrire la position de l'Indonésie sur la scène internationale. Le gouvernement indonésien soutient haut et fort la Palestine, mais dissimule ses propres crimes en Papouasie occidentale, à Aceh, sans parler de son ancienne colonie, le Timor Leste. Les victimes des crimes de l'État indonésien se comptent par millions, soit plusieurs fois le nombre de victimes du sionisme depuis 1948. Le pire a été la tragédie de 1965 et 1966, lorsque plus de 500 000 civils ont été massacrés par les militaires et les milices religieuses du pays au nom de la lutte anticommuniste. On estime qu’un nombre similaire de victimes ont été touchées par les Papous occidentaux autochtones au cours des six décennies d’occupation indonésienne. À ce jour, il n’y a eu aucune responsabilité au-delà des excuses superficielles de Jokowi.

"Quel dommage ! Avant Israël, l'Indonésie aurait dû être poursuivie devant la Cour internationale de Justice", a déclaré un Papou anonyme. Il a ensuite poursuivi : "La position de l'Indonésie est particulièrement accablante lorsqu'il s'agit de la Papouasie occidentale : la Papouasie occidentale a entièrement droit à l'indépendance, tout comme la Palestine. Jusqu'en 1961, la Papouasie occidentale était une colonie non autonome en vertu de l'article XI de la Charte des Nations Unies. Son droit à l'indépendance a été autorisé par la résolution n° 1514 de 1960 de l'ONU. Lorsque le peuple de Papouasie occidentale a déclaré son indépendance vis à vis des Pays-Bas le 1er décembre 1961, l'Indonésie a immédiatement déclaré la guerre au nouvel État de Papouasie occidentale et l'a annexé de force par le biais d'un simulacre de référendum en 1969. Le gouvernement indonésien qualifie avec arrogance la Papouasie occidentale de tribu et non de nation. Les Papous occidentaux qui veulent l'indépendance sont qualifiés de séparatistes et même, dans certains cas, de terroristes."

Palestine et Papouasie occidentale : le double standard mondial ?

Ce qui est malheureux dans tout cela, c'est que, tout comme l'Indonésie, le monde voit également le cas de la Palestine et de la Papouasie occidentale sous deux angles différents : la Palestine comme une lutte pour l'indépendance, tandis que la Papouasie occidentale n'est qu'un conflit séparatiste. Le massacre de 25 000 habitants de Gaza a été dénoncé par tous les médias internationaux, alors que le meurtre de 500 000 Papous occidentaux ne l’a pas été. En réalité, les cas de la Palestine et de la Papouasie occidentale ne sont pas différents. Tous deux touchent à la dignité des personnes qui souhaitent vivre librement sur leur propre terre. Tous deux sont victimes de régimes coloniaux racistes. Mais pourquoi les yeux du monde se tournent-ils uniquement vers la Palestine et non vers la Papouasie occidentale ? Combien de Papous occidentaux devront encore être tués avant que cette horreur ne prenne fin ?