Du riz gratuit et des balles : quand l’Indonésie vend l’illusion de la liberté
Bienvenue dans l’Indonésie dorée, celle qu’on vous vend à coups de slogans — et qu’on impose à coups de fusils.
Le retour du général
À la tête de cette nouvelle illusion, un visage bien connu : Prabowo Subianto, ancien général, désormais président élu. Un homme au passé lourd, éclaboussé par des accusations de crimes de guerre au Timor-Oriental et en Papouasie. Aujourd’hui, il se présente en père de la nation, garant d’un avenir radieux, porteur de lunchs gratuits pour les écoliers… et de budgets militaires massifs pour faire taire toute contestation.
Il y a un mot pour ce genre de figure : un escroc politique.
Pas seulement parce qu’il dissimule son passé, mais parce qu’il vend au peuple un rêve frelaté — un rêve de grandeur nationale qui exige l’oubli, l’aveuglement et l’obéissance.
La Papouasie, cette colonie qui dérange
Depuis l’accord de New York de 1962, la Papouasie a été annexée à l’Indonésie sans le consentement libre et démocratique de son peuple. Depuis, cette région riche en ressources — or, gaz, bois — est maintenue sous un régime militaire, répressif, et profondément raciste.
Des centaines de Papous ont été emprisonnés pour avoir levé leur drapeau, chanté un hymne ou marché dans la rue. Pendant ce temps, les criminels de la corruption et les terroristes islamistes, eux, bénéficient d’amnisties et de réductions de peine.
Quel genre de pays récompense les voleurs de milliards, mais enferme ceux qui réclament leur liberté ?
La mascarade du développement
On nous parle d’infrastructures, d’investissements, de routes construites jusqu’au fin fond des montagnes papoues. Mais qu’est-ce qu’un pont, quand on n’a pas le droit de traverser la frontière de son identité ? Qu’est-ce qu’un repas gratuit quand on vous a volé votre dignité ?
Un militant papou l’a dit avec une clarté brutale :
« Sous les Hollandais, nous n’avons jamais quémandé du pain. Sous l’Indonésie, nous n’avons jamais demandé de riz, encore moins un déjeuner gratuit de Jakarta. Ce que nous voulons, ce n’est pas un cadeau, c’est notre droit de décider. »
La vraie question
Le 17 août 1945, l’Indonésie proclamait sa liberté face au colonialisme. Aujourd’hui, elle perpétue ce même colonialisme contre la Papouasie.
Est-ce cela, l’indépendance ?
Est-ce cela, une démocratie ?
Ce que Prabowo et ses semblables craignent, ce ne sont pas les armes des Papous — ils en ont peu — mais leur conscience, leur mémoire, leur refus de se taire.
L’Indonésie ne deviendra jamais une grande nation tant qu’elle piétinera un peuple au nom de son unité fictive. Et tant que la Papouasie sera occupée, il n’y aura pas de paix, pas de justice, et certainement pas de grandeur.
L’histoire l’a montré :
les empires basés sur le mensonge et la répression finissent toujours par s’effondrer.
Il ne s’agit pas de savoir si, mais quand.
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