La Papouasie occidentale : une guerre coloniale qui ne dit pas son nom
Le conflit entre l’Armée nationale indonésienne (TNI) et l’Armée de libération nationale de Papouasie occidentale (TPN-PB) n’est pas un simple problème de sécurité intérieure. C’est une guerre coloniale, l’une des plus longues et les plus ignorées de l’histoire contemporaine.
Et loin de s’éteindre, elle s’intensifie. Hier encore armés de flèches et de machettes, les combattants papous ripostent désormais avec des armes conventionnelles. Face à eux, Jakarta continue de déployer des milliers de soldats, bombardant des villages entiers sous couvert de “lutte contre le séparatisme”. Résultat : des civils tués par centaines, des dizaines de milliers de déplacés, et un silence complice à l’échelle internationale.
L’Indonésie justifie cette répression brutale par le mythe éculé de la “sécurité nationale”. Mais ce discours ne tient plus. À ce stade, il ne s’agit plus d’une opération de maintien de l’ordre, mais d’une campagne militaire d’occupation, en totale contradiction avec le droit international humanitaire.
Et pourtant, l’Indonésie est signataire des Conventions de Genève et du Protocole additionnel de 1977. Sauf qu’elle n’a jamais pris la peine de les intégrer dans son droit interne. Autrement dit : elle se donne le luxe de signer les textes, tout en s’exonérant de les respecter. Pire encore, toutes ses opérations militaires en Papouasie depuis 1963 ont été conduites sans même l’aval du parlement.
Devant de telles violations, la Cour pénale internationale (CPI) devrait logiquement être saisie. Crimes de guerre, crimes contre l’humanité, déplacements forcés, exécutions extrajudiciaires : les charges potentielles sont nombreuses. Mais Jakarta a une botte secrète : elle n’a jamais ratifié le Statut de Rome. Une échappatoire commode pour poursuivre en toute impunité une occupation sanglante.
Faut-il rappeler que la Papouasie occidentale, ancienne colonie néerlandaise, avait proclamé son indépendance en 1961 ? Qu’elle a été annexée huit ans plus tard à l’issue d’un simulacre de référendum orchestré par l’armée indonésienne ? Depuis, on estime à plus de 500 000 le nombre de Papous tués. Un chiffre qui devrait faire honte à toute démocratie digne de ce nom.
Il est temps que la communauté internationale cesse de détourner les yeux. Car tant que Jakarta ne sera pas mise face à ses responsabilités – devant les tribunaux, devant l’ONU, devant l’Histoire – la justice pour la Papouasie restera une promesse creuse. Et la barbarie, elle, continuera.
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