Islamisation de la Papouasie
Depuis plus de soixante ans, le gouvernement indonésien tente d'assimiler les papous à la nation indonésienne. L'une des méthodes utilisées pour y parvenir est l'islamisation.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, je tiens à préciser que je ne remets pas en cause l'islam en tant que religion, mais son instrumentalisation au service des intérêts indonésiens en Papouasie. Car en effet, des communautés musulmanes existaient en Papouasie bien avant la colonisation indonésienne. D'autant plus que l'islam y'est arrivé deux siècles avant le christianisme.
L'arrivée de l'islam en Papouasie
En 1606, des marchands musulmans ont commencé à s'installer à Fak-Fak, sur la côte ouest de la Papouasie. Cette région est communément appelée "la tête d'oiseau". (Sur la carte, l'île de Papouasie ou Nouvelle-Guinée a la forme d'un oiseau). Cependant, le développement de l'islam n'était pas significatif. Privilégiant le commerce, ces marchands musulmans n'hésitèrent pas à exploiter de nombreux Papous comme esclaves. Certains d'entre eux furent enrôlés dans l'armée du sultan de Tidore, dans les îles Moluques. Leur bravoure fut reconnue lors de la guerre de Nuku contre la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC) en 1780. Il y avait aussi des musulmans javanais, mais ils étaient très peu nombreux - pas plus de 1% de la population. Au début de l'occupation indonésienne, en mai 1963, il n'y avait qu'une seule mosquée à Jayapura, capitale de la Papouasie.
L'arrivée du christianisme en Papouasie
Le protestantisme a été introduit en Papouasie en 1855. Deux pasteurs allemands, C.W. Ottow et G.J. Geissler, évangélisent Manokwari sur la côte ouest, puis Saireri et Taby dans le nord de la Papouasie. En 1896, le père jésuite Cornélius Le Cocq d'Armandville a introduit le catholicisme à Fak-Fak. En 1905, les missionnaires du Sacré-Cœur sont arrivés à Merauke. Depuis lors, l'Église catholique s'est solidement implantée en Papouasie du Sud. Grâce au travail acharné des missionnaires, en moins d'un siècle, 95 % des Papous sont devenus chrétiens, tant protestants que catholiques. Sans effacer la culture papoue, les églises ont apporté une contribution majeure à l'éducation et à la santé de la population locale. Bien que les Hollandais aient colonisé la Papouasie au 19e siècle, les coutumes papoues ont été préservées.
Menace d'islamisation en Papouasie
L'occupation indonésienne en mai 1963 a cependant changé tout le paradigme. La religion n'est plus un facteur de progrès dans la société, mais un outil du pouvoir colonial. En effet, l'islamisation est menée par le régime indonésien dans le but d'effacer l'identité papoue. Cela se fait de différentes manières. La plus courante est le programme de transmigration. Celui-ci n'est rien d'autre qu'une installation massive et anarchique d'Indonésiens à majorité musulmane, venant principalement de Java et de Célèbes. Dans la foulée, des mosquées ont été construites un peu partout: aujourd'hui, il y a plus de 260 mosquées à Jayapura !
Il y a aussi le phénomène des enlèvements d'enfants : plusieurs enfants papous sont séparés de leurs parents par l'appât d'une scolarité gratuite. En réalité, ces enfants ont été placés dans des madrassas pour y subir un endoctrinement islamique. Entre 2005 et 2013, environ 200 enfants originaires de régions reculées, telles que Wamena et Yahukimo, ont été emmenés à Java. Une organisation islamique radicale appelée Al Fatih Kafah Nusantara (AFKN) a même affirmé avoir 'éduqué' 2 200 enfants Papous ! Il convient de souligner qu'une situation similaire s'est produite au cours des 24 années d'occupation du Timor oriental par l'Indonésie (1975-1999), où environ 4 500 enfants timorais ont été emmenés à Java pour servir de "prosélytes islamiques".
Complaisance des responsables d'églises papous
Tous ces abus se sont produits sans aucune protestation de la part des dirigeants de l'Église. Si un prêtre osait s'exprimer, il était immédiatement réduit au silence par sa hiérarchie. En effet, il est de notoriété publique que la plupart des chefs d'église de Papouasie travaillent pour le gouvernement indonésien. Face à cette inquiétante situation, certains se sont interrogés : les indigènes papous seront-ils encore chrétiens dans 50 ans ? Le gouvernement indonésien garantira-t-il la liberté d'expression, comme l'a fait avant lui le gouvernement néerlandais ? L'Église, notre mère, protégera-t-elle ses enfants en Papouasie ?
Conclusion
Une chose est sûre, pour nous, militants papous, la lutte pour le droit à l'indépendance est une question de vie ou mort. Nous devons sauver la terre et le peuple de Papouasie, quoi qu'il en coûte !
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