Markus Haluk : "L'Indonésie n'est pas l'avenir de la Papouasie"


Markus Haluk, directeur exécutif de l'ULMWP
En regardant l'histoire, nous, Papous, réalisons qu'avec l'Indonésie, nous sommes en train de mourir et de disparaître. Nous l'avons toujours dit honnêtement aux Indonésiens. La question papoue doit être discutée sérieusement et ouvertement. Les demandes que nous adressons aujourd'hui au gouvernement indonésien sont essentiellement les mêmes que celles que le peuple indonésien a adressées au gouvernement néerlandais au siècle dernier. 

Comme colonialistes, les hollandais de cette époque ont méprisé l'aspiration des indonésiens à l'indépendance. Sukarno et Hatta, figures clés de la mouvance indépendantiste indonésienne, ont été de nombreuses fois emprisonnés et exilés. Mais ils ont continué à se battre sans relâche, à cause de la violence systémique perpétrée par les hollandais à l'encontre des indonésiens : il s'agissait d'oppression, d'exploitation et d'injustice.

Ironie de l'histoire, seulement quinze ans après son indépendance, l'Indonésie a annexé la Papouasie, soi-disant à cause de l'anticolonialisme occidental. Or, on constate que depuis ces soixante dernières années, l'attitude du gouvernement indonésien dans son traitement des Papous est totalement absurde. Pour reprendre un adage Papou : "l'Indonésie écrit une chose, en dit une autre et agit encore d'une autre manière". Prenons par exemple la loi sur l'autonomie spéciale, adoptée en 2001 : ce qui est écrit est très différent de son application, voire contradictoire. Pire, les décisions du gouvernement de Joko Widodo, l'actuel président indonésien, ont été préjudiciables aux indigènes papous. 

Il est vrai que le gouvernement indonésien nous permet encore de rêver d'indépendance. Mais lorsque nous avons commencé à manifester, la police et l'armée nous ont immédiatement stoppés. De même, les étudiants papous ont été réduits au silence lorsqu'ils ont exprimé leurs aspirations sur les campus universitaires. Après tout ce que nous avons vu et vécu, nous n'avons plus aucune raison d'espérer en l'Indonésie. 



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