"Nit Akhuni" ou culture papoue de la non-violence


"Waa..waaa..waaa...", c'est ainsi que nous, Papous, exprimons nos salutations, nos remerciements et nos félicitations. Plus notre notre émotion est profonde, plus le Waa doit être prononcé longuement. 

Cette forme de salutation vient de la tribu Hubula, qui vit dans la région de Wamena, d'où je suis originaire. Aujourd'hui, elle est populaire dans toute la Papouasie et aussi dans plusieurs pays de la Mélanésie. Elle est également popularisée lors des rencontres internationales, en solidarité avec les Papous.

La phrase "Waaa..." est aussi un appel à la paix et à la réconciliation. Avant l'arrivée des missionnaires, les Papous pratiquaient le combat mortel : mais lorsqu'un guerrier est sur le point d'être achevé par son adversaire, et qu'une troisième personne crie "Waa !", le combat doit immédiatement cesser : le fort n'a plus le droit de porter la main sur le faible. Le Waa est ainsi devenu l'expression de l'humanité des Papous. 

Les Papous habitent en Papouasie depuis plus de cinquante mille ans. Certains vivent de la chasse, d'autres de la pêche et de l'agriculture. Ils vivent librement, en harmonie avec leur environnement. Les Papous vivent aussi du commerce. Mais le but de celui-ci est avant tout de maintenir la cohésion entre les tribus, et non l'accumulation des profits.

En effet, la sagesse papoue encourage les relations harmonieuses avec ses semblables, ses ancêtres, l'univers et Dieu. Cette culture de paix et d'harmonie chez les Papous s'exprime à travers de nombreux rituels, chants et créations artistiques. Les Papous des hautes terres la définissent comme "Nit Akhuni". Ceux des régions côtières l'appellent "Anim-ha". Il existe d'autres termes, comme "Mee" chez les Papous de Paniai, ou "Amung-me" chez les Papous vivant autour de Freeport. Mais tous s'accordent sur le principe de non-violence. 

Lors d'un grand congrès en 1999, le peuple papou a affirmé son engagement dans la lutte non-violente contre le régime colonial Indonésien. Le 26 février 1999, une délégation de cent Papous conduite par Tom Beanal a rencontré le président indonésien B.J. Habibie. C'était la première fois qu'un dialogue de paix pour l'indépendance de la Papouasie était engagé. Du 29 mai au 4 juin 2000, un deuxième congrès s'est tenu à Jayapura. Une fois de plus, les Papous ont renouvelé leur engagement en faveur de la non-violence. Ceci, malgré les atrocités commises par le régime indonésien.

En décembre 2014, par la déclaration de Saralana à Port Vila, Vanuatu, les dirigeants du Mouvement uni de libération de la Papouasie occidentale (ULMWP) ont exprimé leur engagement solennel à lutter pour une indépendance par le biais d'un dialogue fraternel avec les parties prenantes. L'ULMWP est désormais membre du Groupe Fer de lance Mélanésien (MSG). Nous espérons que le MSG facilitera le dialogue entre les indépendantistes papous et le gouvernement indonésien.




 

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