Victor Yeimo aux yeux de Markus Haluk
Victor Yeimo, porte parole du Comité National de la Papouasie occidentale (KNPB) |
Le 16 août 2019, à Surabaya, deuxième ville d'Indonésie, un groupe d'étudiants papous s'est fait traiter de singes par des indonésiens.
Cet incident raciste a aussitôt suscité une vague d'indignation dans toute la Papouasie, province annexée par l'Indonésie en 1969. Quelques jours plus tard, d'importantes manifestations ont lieu dans de nombreuses villes, dont Jayapura, la capitale papoue.
Depuis la terrasse du Parlement, devant des milliers de personnes rassemblées, un homme d'une trentaine d'années prononce un discours enflammé. Non seulement il s'est élevé contre le racisme indonésien, mais il a également revendiqué l'indépendance de la Papouasie. Il s'agit de Victor Yeimo, porte parole du Comité National de la Papouasie occidentale (KNPB).
En mai 2021, Victor a été poursuivi pour acte de trahison. Les autorités indonésiennes le soupçonnent d'être l'un des meneurs des émeutes, qui ont suivi la manifestation antiraciste papoue de 2019. Son procès a duré jusqu'en mai 2023. Malgré des preuves insuffisantes, Victor a été condamné à huit mois de prison ferme, sans compter le temps passé en détention.
Markus Haluk, directeur exécutif du Mouvement uni de libération de la Papouasie occidentale (ULMWP), connaît bien Victor Yeimo. En quelques mots, Markus témoigne du parcours de son compagnon de lutte :
"Victor est originaire de Paniai. Depuis son enfance, il a été témoin des atrocités commises par l'armée indonésienne contre les indigènes papous. Victor est un homme très intelligent et intègre.
Après avoir obtenu son baccalauréat en Papouasie, il a poursuivi ses études universitaires à Java, l'île principale de l'Indonésie. En tant qu'étudiant, il a participé à de nombreuses actions non-violentes en faveur d'une Papouasie indépendante. Ses activités ont fait de lui une cible des services de renseignement indonésiens. À la suite de pressions et d'intimidations, il a décidé de retourner en Papouasie.
En 2008, Victor a pris la tête du mouvement pour le retour des étudiants papous de Java, de Célèbes et des Moluques, dans leur Papouasie natale. En décembre 2008, Victor Yeimo, Buchtar Tabuni, Sebby Sambom et moi-même avons fondé le Comité National de la Papouasie occidentale (KNPB). Depuis 2009, Victor a subi de nombreuses arrestations. Mais malgré cela, son esprit de lutte n'a jamais été brisé.
A mes yeux, Victor Yeimo incarne un symbole. D'une part, celui des Papous, victimes du racisme indonésien. D'autre part, celui des Papous qui n'ont jamais cessé de lutter pour leur indépendance."
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