Markus Haluk : "Quel avenir pour les Papous ?" (2)
Colonisation Indonésienne
Dès leurs premières interactions avec le monde extérieur, les Mélanésiens de Papouasie ont compris qu'ils ne faisaient pas partie de l'Indonésie.
Aux XVIe et XVIIe siècles, les hommes des sultans de Tidore et de Ternate capturaient souvent des Papous indigènes pour les exploiter comme esclaves. Dans l'intérêt de ce commerce scandaleux, des commerçants musulmans avaient commencé à s'installer à Fak Fak en 1606. Ceux-ci cherchaient également à contrôler le commerce des épices, la pointe de la Papouasie occidentale étant riche en noix de muscade, une denrée fortement appréciée à cette époque.
La domination du sultanat de Tidore et ses politiques racistes ont laissé de profondes blessures dans la mémoire collective des Papous jusqu'à aujourd'hui. Malgré cette injustice, les Papous ont rendu de grands services au sultan de Tidore. Cela a été particulièrement vrai pendant la guerre de Nuku contre la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC) à la fin du 18e siècle.
Un phénomène similaire s'est produit pendant l'occupation indonésienne : grâce aux athlètes papous, l'Indonésie a remporté un certain nombre de compétitions sportives internationales, en particulier des matchs de football asiatiques. Les musiciens et chanteurs papous, tels que les Black Brothers, ont fait la fierté de l'Indonésie. Ils étaient connus en Europe dans les années 1970.
Le 19 décembre 1961, l'Indonésie, sous la présidence de Sukarno, a déclaré la guerre à la Papouasie, devenue indépendante trois semaines auparavant. C'était une étrange ironie, car, dans les années 1930, les Papous avaient accueilli les militants indépendantistes indonésiens, exilés par les Néerlandais. Parmi eux, Mohammad Hatta, principal collaborateur de Sukarno.
Les Nations unies, sous l'impulsion des États-Unis, ont facilité l'occupation indonésienne de la Papouasie le 1er mai 1963 : voilà encore une étonnante ironie, car pendant la Seconde Guerre mondiale, les Papous ont aidé les forces américaines du général MacArthur à combattre les Japonais sur l'île de Biak en 1944. Cette bataille a été décisive pour la victoire des Alliés dans la guerre du Pacifique.
Depuis 1963, les militaires indonésiens n'ont cessé de commettre diverses formes de violence à l'encontre des indigènes papous. Environ cinq cent mille Papous ont perdu la vie au cours de ces soixante dernières années. L'Indonésie semble n'avoir qu'un seul programme : exterminer les Papous et extraire les ressources de la Papouasie autant que possible. En effet, les richesses naturelles de la Papouasie sont quasi-illimitées : le pétrole, le gaz, l'uranium, l'or, le cuivre, le bois, etc. y sont abondants. Les projets de développement entrepris par Jakarta, avec son doux jargon tel que l'autonomie spéciale, ne sont qu'un prétexte pour dissimuler ces crimes.
Quel avenir pour les Papous ?
Le sort du peuple papou est en suspens depuis plus d'un siècle. Le temps est venu de prendre position et de tirer les leçons de notre passé amer, rempli de larmes et de sang. Avec l'Indonésie coloniale, nous, Papous, périrons. Avec l'Occident capitaliste, nos souffrances ne cesseront jamais. Quelle est donc la solution ? Nous n'avons pas d'autre choix que de retourner dans le giron mélanésien.
Nous devons être nous-mêmes, fiers de ce que nous avons et de ce en quoi nous croyons. C'est pourquoi j'appelle la jeune génération de Papous à ne pas avoir peur de se battre. Ils n'ont pas besoin de prendre les armes, il leur suffit de prendre un stylo et d'écrire sur ce qu'ils vivent, voient et ressentent. La meilleure arme que l'esprit a contre la tyrannie est la plume. Sans diminuer mon respect pour Egianus et ses amis qui mènent une guérilla dans les forêts, j'appelle tous les Papous à se battre pacifiquement.
Je demande aux étudiants et aux intellectuels d'être patriotes. Ils sont les ambassadeurs de la nation papoue, tant en Indonésie qu'à l'étranger. Ils doivent continuer à parler au monde des souffrances de leur peuple et de ses aspirations à l'indépendance.
Depuis la création du Mouvement uni de libération de la Papouasie occidentale (ULMWP), la feuille de route de la nation Papoue est claire. Nous construirons un nouvel axe : Mélanésie - Pacifique - Caraïbes - Afrique. Certes, le chemin à parcourir est encore long. Mais avec Dieu, nous gagnerons sûrement. Avançons et ne reculons jamais . Waa... waa... waa...
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