Papous : le brasier de la dignité noire
Nous, les Noirs, sommes nés avec l’amour. Mais le monde, lui, est né avec le mépris.
Barack Obama a beau avoir été élu président des États-Unis, le racisme, lui, n’a jamais quitté la scène.
Ce n’est pas une surprise : cinq siècles de domination blanche, d’esclavage, de colonisation et de propagande antinoire ne s’effacent pas avec une élection symbolique. Le racisme est vivant, sournois, maquillé en neutralité, bien habillé, diplômé, et souvent même... pieux.
Il se cache dans les images, dans l’art, dans les vitraux de vos cathédrales. Quand j’ai visité les églises européennes, j’ai vu ce que l’Occident pensait des Noirs depuis des siècles : le mal, la bête, le diable. Satan, peint avec une peau sombre, cornu, grotesque. Et pendant ce temps-là, le "sauveur" est toujours blanc, lisse, lumineux. Voilà comment l’imaginaire raciste a contaminé la foi elle-même. Pas étonnant qu’on nous regarde encore comme des sous-hommes.
Ce n’est pas une erreur de l’histoire : c’est une construction idéologique. Et elle est toujours là. Dans les écoles, dans les médias, dans les ministères. Et dans les regards. Il est temps de le dire haut et fort : oui, ce monde est encore raciste. Et non, nous n’allons plus nous taire.
En Papouasie, ce racisme prend la forme de la répression armée, du pillage des terres, du mépris culturel, de la négation pure et simple de notre humanité. Être Papou aujourd’hui, c’est vivre dans un territoire militarisé, humilié, colonisé au nom d’une unité nationale hypocrite.
Mais la résistance commence par la fierté. J’en appelle à chaque jeune Papou : ton doctorat ne vaut rien s’il te fait renier ta Honai. Tu n’es pas moderne parce que tu portes un costume. Tu n’es pas arriéré parce que ton grand-père porte un koteka. Le koteka, c’est notre histoire. Notre honneur. Notre dignité virile. Et elle ne se négocie pas.
Nous n’avons pas à imiter les codes d’une civilisation qui nous a toujours méprisés. Nous devons, au contraire, restaurer nos propres codes, nos récits, notre mémoire. Et si cela dérange, tant mieux.
À ceux qui détournent le regard, je le dis sans détour : peut-être ne méritez-vous pas de vivre avec nous. Car nous, les Noirs, les Papous, les damnés de la terre, avons appris à aimer même quand on nous hait. Nous portons l’amour en héritage, alors que vous portez l’orgueil et l’oubli.
Mais cet amour n’est pas faiblesse. Il est feu. Et ce feu, désormais, ne s’éteindra plus.
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