GENOCIDE EN PAPOUASIE OCCIDENTALE: COMBIEN DE VICTIMES ?

Un rapport du Centre Simon-Skjodt pour la prévention des génocides (CPG) datant de 2022 montre que l'Indonésie se classe au 27e rang sur la liste des pays exposés au risque d'atrocités de masse.

Ceux qui connaissent l’histoire indonésienne ne seront certainement pas surpris, compte tenu de la série de crimes contre l’humanité qui ont eu lieu dans le pays depuis son indépendance en 1945.

Malgré la promesse de Jakarta d’ouvrir un tribunal des droits de l’homme en 2001, il n'y a jamais eu d'acte de justice, comme ce fut le cas au Cambodge après le génocide des Khmers rouges (1975-1979). L'absence de rectification historique en Indonésie a conduit à la répétition de crimes humanitaires dans le pays. Pire encore, certains des auteurs présumés occupent aujourd'hui des postes importants au sein du gouvernement indonésien.

Les violations des droits de l'homme sont particulièrement graves en Papouasie occidentale, région la plus orientale de l'Indonésie annexée en 1963. Le chiffre le plus fréquemment cité concernant le nombre de Papous tués par l’armée indonésienne est de 500 000. Ce chiffre n'est toutefois pas absolu. L'accès à la Papouasie occidentale pour les enquêtes étant systématiquement bloqué par l'Indonésie, il reste difficile de déterminer le nombre exact de morts. Les estimations varient entre 100 000 et 1,5 million de victimes.

Une étude menée par l'Université de Yale en 2003 a révélé que 100 000 Papous ont été tués. Allard K. Lowenstein International Human Rights Clinic, Yale Law School, novembre 2003, pages 14-22, fournit un rapport complet et confirme qu'il s'agit bien d'un acte de génocide. Dr Kees Lagerberg, spécialiste de l’Indonésie, estimait auparavant que 300 000 Papous avaient disparu. Au début des années 1960, la population papoue était d’environ 700 000 personnes et d’environ un million dans les années 1980, lorsque le Dr Lagerberg a fait cette affirmation. Cela signifie qu’environ 30 % de la population de Papouasie occidentale a disparu.

Selon Tom Beanal, chef du Conseil du Présidium de Papouasie (PDP), plus de 600 000 Papous ont été tués entre 1963 et 1998. Benny Wenda, ancien président du Mouvement uni de libération de Papouasie occidentale (ULMWP), a affirmé à plusieurs reprises que plus de 500 000 Papous ont péri à cause des violences subies pendant les 60 ans d'occupation indonésienne. Jakobus E. Dumupa, chef de l'Assemblée du peuple papou (PPA), dans son livre Hunting for Justice (2006), a avancé le chiffre de 1,5 million de personnes !

Un vieil adage nous apprend à regarder vers le passé pour comprendre le présent. Si l’on considère ce qui s’est passé au Timor oriental pendant les vingt-quatre années d’occupation indonésienne (1975-1999), où les observateurs internationaux ont reconnu le génocide de 200 000 Timorais, il n’est pas déraisonnable de soupçonner que le régime indonésien fait quelque chose de similaire à plus grande échelle en Papouasie occidentale. Cette dernière était plusieurs fois plus grande que le Timor oriental et avait été occupée pendant une période beaucoup plus longue.

La question est maintenant de savoir combien de temps la communauté internationale pourra-t-elle tolérer cette tragédie humaine ? Combien de temps encore nos élites intellectuelles, nos chefs religieux et nos politiciens resteront-ils silencieux ? Quand allons-nous tous nous réveiller de notre propre indifférence ?




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