Briser le silence, désapprendre la violence
Face à l’extrême violence, que font la plupart des gens ? Ils détournent le regard.
Non par cruauté, mais par confort. Parce que garder les yeux ouverts fait trop mal. Parce que la lucidité est exigeante. Et que dans ce monde, les consciences éveillées sont devenues rares.
La société nous a appris à respecter la violence. À la voir comme un mal nécessaire, un outil de maintien de l’ordre, une garantie de souveraineté. Elle est partout, intégrée à nos institutions, notre langage, nos réflexes. Tellement omniprésente qu’on ne la remarque plus : elle a l’apparence de la normalité.
Mais le jour où l’on prend réellement conscience de ce que la violence est — une absurdité, une négation de l’humanité, une mécanique de domination — alors il devient impossible de continuer à la tolérer.
Car ce n’est pas la violence brute qui la rend si puissante, c’est son habillage idéologique : le fait qu’on la justifie, qu’on l’excuse, qu’on lui trouve des raisons.
Pour s’en libérer, il faut un travail lent, profond, exigeant. Il faut du courage pour désapprendre ce que l’on nous a inculqué depuis l’enfance. Pour adopter une posture non-violente, non seulement dans les grandes luttes collectives, mais aussi dans nos gestes quotidiens, nos relations les plus banales.
Refuser la violence, ce n’est pas être passif. C’est être résolument actif autrement.
C’est faire le choix de la justice, sans reproduire les logiques d’oppression.
C’est dire : nous lutterons, mais sans haïr.
Nous résisterons, mais sans abaisser notre dignité.
Car oui, il n’y a pas de paix sans justice, et pas de justice sans lutte.
Mais toute lutte exige des moyens cohérents avec sa fin. Et le seul moyen vraiment humain, c’est la non-violence.
En Papouasie occidentale, cela fait plus de 60 ans que l’État indonésien impose une violence coloniale systémique. Arrestations arbitraires, villages incendiés, populations déplacées, journalistes interdits d’accès, voix muselées.
Et malgré cela — ou peut-être à cause de cela — de nombreux Papous choisissent la voie pacifique. Non pas par faiblesse, mais par intelligence stratégique et par exigence morale.
Ils savent que répondre à la violence par la violence, c’est tomber dans le piège tendu. C’est légitimer la répression. C’est renforcer le récit de “l’ennemi dangereux”.
Mais refuser de frapper en retour, tout en dénonçant avec force, en s’organisant, en éduquant, en marchant, en chantant, en parlant ?
C’est là que la résistance devient révolution !
Gandhi disait :
“Si je devais choisir entre la lâcheté et la violence, je choisirais la violence. Mais si j’ai le choix entre la violence et la non-violence, je choisis la non-violence.”
Le monde ne changera pas par la soumission ni par la brutalité.
Il changera par l’audace de celles et ceux qui refusent la haine, sans jamais renoncer à la justice.
Et c’est là notre défi : bâtir une culture où la non-violence n’est plus perçue comme une utopie molle, mais comme une force révolutionnaire.
Claire. Incorruptible. Inarrêtable.
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