Papouasie occidentale : l’Évangile au défi de la liberté
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Le geste est simple, mais puissant. Il dit tout : compassion, résistance, foi incarnée. Car oui, ce qui se joue aujourd’hui en Papouasie occidentale touche au cœur même de l’Évangile.
Les Papous ne se battent pas seulement pour un drapeau ou un territoire. Ils se battent pour vivre libres, dignes, debout. Et cette lutte, aussi politique soit-elle, est aussi profondément spirituelle. La Bible en témoigne : Dieu se tient aux côtés des peuples asservis. Il délivre. Il appelle. Il envoie.
Quand l’Église choisit de se lever
Dans l’histoire récente, l’Église ne s’est pas tue face aux dictatures. Elle a pris parti, parfois au péril de ses prêtres et de ses fidèles. En Pologne, pendant la guerre froide, elle fut l’un des piliers de la résistance populaire. Au Salvador, Mgr Oscar Romero a été assassiné pour avoir osé défendre les paysans et dénoncer la violence d’État. Au Timor oriental, l’évêque Ximenes Belo a porté jusqu’à l’ONU la voix d’un peuple écrasé par l’armée indonésienne.
Ces figures ne sont pas des exceptions, mais des rappels. Rappels que la foi ne se vit pas en dehors du monde, mais en plein dedans — là où l’injustice frappe, là où la vie est piétinée.
Et la Papouasie ?
Mais alors, pourquoi ce silence assourdissant sur la Papouasie occidentale ? Pourquoi cette prudence ecclésiale, alors que les témoignages s’accumulent, que les cercueils se remplissent, que la forêt devient cimetière ?
Un prêtre papou, qui préfère garder l’anonymat, répond : « L’Église prône la non-violence. Or, certains groupes indépendantistes papous ont parfois pris les armes. » Ce dilemme est réel. Mais peut-il justifier l’inaction ? Le silence ? L’indifférence ?
Le même prêtre confie pourtant son espoir : « L’Église et le mouvement de libération papou finiront par se rejoindre sur le même rivage. » À condition, bien sûr, qu’aucune ne renonce à ce qui les relie : le souci du peuple, la quête de vérité, l’amour de la justice.
Le cri de la vérité
Ce que l’Église peut faire aujourd’hui est clair : dire la vérité. Briser l’omerta. Dénoncer, prophétiquement, les violations des droits humains. Ne pas laisser les chiffres — 500 000 morts présumés depuis l’annexion indonésienne — sombrer dans les statistiques anonymes. Ne pas laisser les Papous seuls face à la machine militaire, politique et économique qui les broie.
Mais pour cela, l’Église locale ne suffit pas. Elle est surveillée, étouffée, menacée. C’est à l’Église universelle — aux conférences épiscopales, aux mouvements chrétiens, aux chrétiens ordinaires — de prendre le relais. Par des déclarations. Par des campagnes. Par une solidarité réelle.
Une mémoire qui dérange
Petit rappel : la Papouasie occidentale a proclamé son indépendance en 1961. Moins de dix ans plus tard, elle était annexée par l’Indonésie, à l’issue d’un simulacre de référendum. Depuis, les Papous subissent militarisation, discrimination, marginalisation. Et pourtant, l’Occident se tait. Et pourtant, les Églises tardent à parler.
Un choix d’Évangile
La Papouasie ne demande pas la charité du monde chrétien. Elle demande sa conscience. Elle demande sa voix. Elle demande sa foi.
Car le silence, parfois, tue aussi.
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