Prabowo promet la paix à Gaza, mais ferme les yeux sur le génocide en Papouasie occidentale
Prabowo promet la paix à Gaza, mais ferme les yeux sur le génocide en Papouasie occidentale
Le président élu indonésien et actuel ministre de la Défense, Prabowo Subianto, s’est récemment illustré par une promesse grandiloquente : envoyer une force de maintien de la paix indonésienne à Gaza, si l’ONU le demande. Lors du Forum de l’Institut international d’études stratégiques (IISS) à Singapour, il a déclaré, sans ambages, que l’Indonésie est prête à « maintenir et surveiller un éventuel cessez-le-feu » et à « assurer protection et sécurité à toutes les parties ».
Un geste d’apparence noble, mais qui sonne comme une farce cynique quand on regarde ce qui se passe à l’intérieur même des frontières indonésiennes.
Car pendant que Prabowo rêve de s’ériger en sauveur international, la Papouasie occidentale, territoire sous occupation militaire depuis 1963, brûle dans l’indifférence générale. Là-bas, le peuple mélanésien subit depuis des décennies un véritable génocide, un écocide délibéré, et un ethnocide silencieux. Répression, massacres, expropriations et destructions de leurs terres ancestrales sont monnaie courante. La communauté internationale ferme les yeux.
Comment ne pas dénoncer l’hypocrisie criante d’un pays qui prétend exporter la paix à Gaza alors qu’il étouffe dans le sang la résistance papoue ? Le projet de Prabowo sera discuté le 6 juin à la Chambre des représentants, mais l’on doute que cette posture grandiloquente serve autre chose qu’à masquer les démons intérieurs d’un État répressif.
L’Indonésie se présente volontiers comme la voix des pays musulmans opprimés, en particulier la Palestine. Son soutien historique est bien réel : première ambassade pour la Palestine ouverte en 1947 à Amman, politique extérieure « libre et active », soutien aux luttes anticoloniales comme celle de l’Algérie. Mais qu’en est-il des peuples non musulmans ?
Le préambule de la Constitution indonésienne de 1945 proclame que « l’indépendance est le droit de toutes les nations ». Un noble principe qui n’a pourtant jamais été appliqué aux Tibétains sous la botte chinoise, aux Kanak en lutte contre le colonialisme français, ni aux Papous eux-mêmes, victimes d’une occupation brutale. Sous couvert de « l’unité dans la diversité », Jakarta a choisi le silence, la répression et l’injustice.
Markus Haluk, secrétaire du Mouvement uni de libération de la Papouasie occidentale (ULMWP), a souligné cette contradiction avec force : « Si l’Indonésie est prête à envoyer ses troupes à Gaza, Israël devrait en faire autant en Papouasie occidentale pour régler ce conflit de longue date causé par l’occupation indonésienne. Il est temps que les nations demandant une visite de la Commission des droits de l’homme de l’ONU en Papouasie proposent enfin une résolution. »
La vérité est brutale : depuis plus de six décennies, le gouvernement indonésien commet un crime contre l’humanité, tout en affichant un visage humanitaire sur la scène internationale. La communauté mondiale doit cesser de fermer les yeux sur la tragédie papoue. Soutenir la lutte de l’ULMWP n’est pas une option, c’est une urgence morale.
L’Indonésie, avant de jouer les gardiens de la paix à l’étranger, doit rendre des comptes sur son propre sol. Le temps de l’impunité est révolu.
Comments
Post a Comment