« Heureux les artisans de paix » : Face aux génocides, un cri de conscience chrétienne
Le 10 décembre 1948 naissait la Déclaration universelle des droits de l’homme, un phare d’espérance après les ténèbres de la Seconde Guerre mondiale.
Pourtant, plus de 75 ans plus tard, ce texte fondateur reste bien souvent un idéal lointain, trahi par les réalités tragiques de notre monde.
Aujourd’hui encore, des millions d’êtres humains subissent les ravages de conflits armés. Les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité se multiplient, brisant la dignité sacrée de tant de vies créées à l’image de Dieu.
Parmi ces tragédies, la situation à Gaza est bouleversante. Sous nos yeux, les Palestiniens subissent ce qui est sans doute le génocide le plus documenté de l’histoire moderne, mais paradoxalement l’un des plus niés et ignorés. Après un an de guerre, 96 % de la population de Gaza est plongée dans une détresse humanitaire extrême. Le 2 octobre 2024, des médecins américains alertaient le président Biden : 62 413 Gazaouis sont morts de faim. Et le monde regarde, impuissant… ou indifférent.
Mais Gaza n’est pas un cas isolé. Dans l’ombre du silence médiatique, d’autres peuples sont anéantis.
C’est le cas en Papouasie occidentale, à seulement 250 km au nord de l’Australie. Depuis 1963, ce territoire mélanésien est sous occupation indonésienne. Les exactions s’y succèdent dans l’impunité : pillages, massacres, déplacement forcé de populations, destruction de la nature. Depuis six décennies, un conflit politique oppose le gouvernement de Jakarta aux mouvements indépendantistes papous. Ce conflit a provoqué des centaines de milliers de morts — certains parlent d’un million et demi — et une crise humanitaire profonde.
Aujourd’hui, des dizaines de milliers de Papous sont déplacés internes ; d’autres ont dû fuir vers la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Ce peuple, qui habite ces terres depuis plus de 50 000 ans, est victime d’une lente extermination, invisible aux yeux du monde.
En tant que chrétiens, pouvons-nous rester silencieux ?
Jésus nous rappelle : « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,40). En face de l’injustice, notre foi ne peut se contenter de prières abstraites ou de discours tièdes. Elle nous appelle à la compassion active, au courage de dénoncer et à l’engagement pour la paix.
Ce n’est pas dans les jeux cyniques de la diplomatie ou dans les calculs des puissances que naîtra le salut, mais dans un mouvement mondial, solidaire et non-violent, porté par la société civile, par les Églises, par chaque conscience éveillée.
Dans un monde où la violence d’État ouvre la voie aux génocides, il est urgent de promouvoir une culture de la non-violence. Une culture qui commence par notre propre conversion intérieure, par l’écoute, par la solidarité, par le courage de la vérité.
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu (Mt 5,9). Puissions-nous, en tant que chrétiens, répondre à cet appel avec fidélité, lucidité et amour.
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