Triste distinction
Selon Talleyrand, le légendaire homme d'État français, il y a quelque chose de plus douloureux que la calomnie, à savoir la vérité.
Fin 2024, les Indonésiens ont été choqués par la nouvelle que leur ancien président Joko Widodo, dit Jokowi (2014-2024), avait été sélectionné comme finaliste pour le titre de dirigeant le plus corrompu du monde par l'Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP).
Ainsi, le nom du septième président indonésien rejoignait ceux du président kenyan William Ruto, du président nigérian Bola Ahmed Tinubu, de l'ancienne première ministre bangladaise Hasina ou encore de l'ancien dictateur syrien Bachar Al Assad. Cette amère réalité semble encore difficile à digérer pour la plupart des Indonésiens, mais ils sont nombreux à commencer à en prendre conscience. De plus en plus de voix, notamment sur les réseaux sociaux, appellent les autorités indonésiennes à enquêter immédiatement sur la corruption présumée de Jokowi.
Pour les Papous occidentaux opprimés par Jakarta depuis 1963, cette révélation n’était pas du tout une surprise !
Dans son message du 1er janvier 2025 sur X, Victor Mambor, journaliste papou et rédacteur en chef du média indépendant Jubi, a confirmé avoir interviewé Jokowi à la prison d'Abepura en 2015. Victor avait alors réalisé que Jokowi ne « connaissait absolument rien de la Papouasie ». Plus triste encore, l'homme alors salué comme le nouvel espoir de l'Indonésie ne savait même pas comment diriger ses propres compatriotes. Cependant , lorsque Jokowi a commencé à être approché par les oligarques, il a compris qu'il pouvait établir des relations mutuelles avec eux. L'objectif de Jokowi était simple : « Obtenir la chance, l'opportunité et l'autoroute des voleurs pour commencer à construire sa dynastie ».
Jokowi aux yeux des Papous
Markus Haluk, secrétaire exécutif du Mouvement uni de libération de la Papouasie occidentale (ULMWP), avait l'habitude d'insinuer de manière sarcastique que Jokowi avait joué sur la souffrance des Papous et que ses nombreuses visites, deux douzaines, en Papouasie occidentale n'étaient que des selfies. Le sort des Papous n'est pas meilleur sous la présidence de Jokowi. Les opérations militaires et la répression policière se font de plus en plus dures de jour en jour.
Victor Yeimo, président du Comité national de Papouasie occidentale (KNPB), n'a pas hésité à condamner le programme du régime de Jokowi visant à « récolter le sang », sacrifiant les Papous au profit d'une poignée d'élites bourgeoises bureaucratiques de Jakarta.
Filep Karma, un autre militant indépendantiste papou, décédé en 2022, a dénoncé Jokowi comme un tyran qui, au cours de ses quasi dix ans de règne, avait arrêté 6 000 Papous pour avoir exprimé pacifiquement leurs aspirations.
Ambrosius Mulait, un jeune leader papou basé à Jakarta et ancien prisonnier politique pour son activisme contre le racisme de l'État indonésien, a qualifié Jokowi d'escroc qui n'a aucune sympathie pour les Papous, de criminel de guerre qui a déplacé plus de 78 000 Papous par le biais d'opérations militaires illégales.
Les critiques des dirigeants de Papouasie occidentale à l’encontre de Jokowi sont fondées sur un fait indéniable : pendant son règne, l’oligarchie indonésienne a eu le tapis rouge pour s’accaparer les terres coutumières Papoues et exploiter ses ressources naturelles sans aucun respect de l’éthique et des normes juridiques. Nous espérons que la prise de conscience publique du fait que Jokowi est un dirigeant extrêmement corrompu permettra de révéler aussi la honte que l’Indonésie cache en Papouasie occidentale.
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