Lettre ouverte à Emmanuel Macron : Papouasie occidentale, l’heure du courage diplomatique

Lettre ouverte à Emmanuel Macron : 

Papouasie occidentale, l’heure du courage diplomatique


Jayapura, le 20 mai 2025



Monsieur le Président,


À l’occasion de votre visite en Indonésie, nous vous écrivons depuis la Papouasie occidentale, une terre aussi belle que blessée, pour rompre un silence qui dure depuis trop longtemps. Ici, un peuple autochtone, le peuple papou, vit depuis plus de soixante ans sous une occupation militaire brutale, privé de ses droits les plus fondamentaux, stigmatisé pour oser revendiquer sa dignité.

Chaque année, des voix sont réduites au silence, des villages déplacés, des femmes et des hommes qualifiés de « terroristes » pour avoir réclamé ce que toute nation espère : être maître de son destin. Cette répression se déroule à huis clos, sous couvert de « développement » et de « sécurité nationale ».

Monsieur le Président, la France, patrie des droits de l’homme, a montré qu’un autre chemin est possible. Le dialogue engagé avec le FLNKS en Nouvelle-Calédonie prouve qu’un État peut choisir l’écoute plutôt que la répression, le respect plutôt que la négation. Ce précédent doit inspirer la communauté internationale, et la France peut en être la voix.

À Jakarta, vous avez l’opportunité de rappeler que la stabilité ne peut se construire sur l’injustice, que la paix ne s’impose pas par la force. En évoquant la situation en Papouasie occidentale, vous enverrez un message clair : que la France n’est pas complice du silence, qu’elle soutient la vérité, la justice et le dialogue. En ces heures décisives, l’histoire inscrit à jamais dans sa mémoire les voix courageuses qui osent s’élever pour la justice et la liberté. 

Nous, peuple de Papouasie occidentale, à travers votre soutien, vous en appelons solennellement : demeurez ferme, comme hier en Kanaky, aux côtés des peuples épris de liberté et de dignité.

André Malraux disait :
« La politique ne consiste pas à faire des discours, elle consiste à rendre possible l’espérance. »
Il aurait vu dans la lutte du peuple papou une cause juste, à défendre au nom de la conscience humaine.

Théodore Monod nous rappelait aussi :
« On ne fait pas de la morale, on témoigne. »

Aujourd’hui, ce témoignage vous revient, Monsieur le Président : celui d’un peuple qui souffre en silence, et qui attend qu’on le voie enfin.

Le monde vous regarde. L’histoire aussi.


Respectueusement,

au nom du peuple de Papouasie occidentale,


Markus Haluk

 

 

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